Résumé :
En questionnant différentes institutions d’aide à destination des personnes considérées comme précaires, cette thèse propose d’interroger les recompositions du champ de l’aide sociale induites par le néolibéralisme appliqué à la protection sociale. En enquêtant « des deux côtés du guichet », nous entendons questionner à la fois la mise en œuvre des politiques d’aide sociale et leur réception par celles et ceux qui en sont les destinataires. La thèse s’appuie sur un travail ethnographique au long cours mené sur trois terrains aux statuts et aux missions diverses, implantés dans une commune du sud de la France d’environ 500 000 habitants : une fédération du Secours populaire, une Maison des solidarités (MDS) et une association, nommée En Commun, au statut de Maison des chômeurs et de centre social. En comparant ces trois terrains, l’objectif de la thèse est de se demander comment les recompositions du travail social et du bénévolat autour d’une limitation des moyens amènent les agent·es des institutions aidantes à renforcer des logiques de gouvernement des fractions précarisées des classes populaires. En mêlant les sociologies de la mise en œuvre des politiques sociales et de la socialisation, cette thèse entend questionner l’état du champ de la protection sociale à l’ère néolibérale et les trajectoires et pratiques de celles et ceux qui la mettent en œuvre et de celles et ceux qui la reçoivent. La thèse revient d’abord sur les processus auxquels des agent·es très divers (bénévoles, travailleur·euses sociaux, salarié·es de centre social) sont confrontés sur le terrain et qui découlent du néolibéralisme appliqué à la protection sociale : augmentation de la pauvreté, manque de moyens, rationalisation du travail associatif et social, standardisation des pratiques, financements sur appels à projets, dématérialisation et fermeture des services publics, effets du New public management. Nous nous attardons ensuite sur le profil social de celles et ceux qui viennent en aide aux précaires, sur leurs trajectoires et sur les « dispositions sociales qui sous-tendent leur engagement » (Collovald, 2002). Au regard de leurs propriétés sociales, nous analysons comme ces agent·es utilisent leurs marges de manœuvre et le « pouvoir discrétionnaire » qu’ils possèdent dans leur activité d’aide aux autres, ainsi que les luttes qui les opposent pour définir ce que c’est que d’être un « bon bénévole » ou de pratiquer un « bon accueil des usagers ». Enfin, la dernière partie de la thèse vise à saisir le travail de « socialisation à l’aide social » que les agent·es en charge de l’aide aux précaires pratiquent sur celles et ceux qu’ils reçoivent et sur la manière dont ces derniers incorporent un ensemble de normes au contact des institutions d’aide sociale. Ce travail de socialisation passe par des formes de gouvernementalités plus ou moins douces et produit des représentations plus ou moins stigmatisantes que les membres des fractions précarisées des classes populaires s’approprient différemment en fonction de leurs socialisations et trajectoires.
Mots-clés : politiques sociales, bénévolat, aide alimentaire, pauvreté, socialisation, classes populaires
Composition du jury :
M. Olivier PHILIPPE
|
Université Toulouse Capitole
|
Directeur de thèse
|
Mme Christine MENNESSON
|
Université Toulouse Capitole
|
Co-Directrice de thèse
|
Mme Elisa CHELLE
|
Université Paris Nanterre
|
Rapporteur
|
M. Alexis SPIRE
|
IRIS - Campus Condorcet EHESS
|
Rapporteur
|
Mme Nadia OKBANI
|
Université Jean Jaurès
|
Examinatrice
|
M. Vincent DUBOIS
|
Sciences po Strasbourg
|
Examinateur
|
M. Olivier MASCLET
|
Université de Limoges
|
Examinateur
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|