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Au cours des dernières décennies, de nombreux gouvernements se sont efforcés d'associer l'allocation des ressources et l'excellence scientifique internationale dans leurs politiques de recherche afin d’améliorer leur performance scientifique et de contribuer ainsi au développement économique et sociétal de leurs territoires. Cette thèse vise à mieux comprendre l'introduction de normes de compétition et leurs effets sur les pratiques dans un contexte de transformations post-communistes, à travers l'exemple des réformes des politiques de financement de la recherche entreprises dans les pays baltes entre 1988 et le milieu des années 2010. Ce faisant, elle se concentre sur les sciences humaines et sociales (SHS). Plus précisément, cette thèse interroge dans quelle mesure l'introduction de la compétition dans le financement de la recherche est redevable à l'internationalisation et à l'européanisation. Pour cela, la thèse croise la littérature (néo-)institutionnaliste historique sur les changements institutionnels avec l'approche sociologique de l'action publique. L’étude empirique de cette thèse s’appuie sur des entretiens avec des acteurs politiques et des sociologues dans les trois pays, l'analyse de sources écrites et des données du Web of Science ; elle permet de croiser l'analyse des trajectoires institutionnelles avec une approche sociologique de l'action publique attentive à la socialisation et aux trajectoires sociales des acteurs. Avec leur position unique au sein de l'Union Soviétique et leurs trajectoires politiques divergentes après avoir retrouvé l'indépendance, les pays baltes constituent des observatoires privilégiés pour examiner le rôle de l'internationalisation dans les transformations des politiques publiques. De plus, leur petite taille permet d'effectuer une comparaison transnationale à plusieurs niveaux entre les trois pays. Avec cette stratégie de recherche, cette thèse démontre qu’au lieu de suivre des "modèles" politiques spécifiques, les politiques de financement de la recherche résultent de conflits dans les espaces scientifiques nationaux menés entre les différents groupes d'acteurs aux différentes socialisations académiques. Ainsi, les changements dans les trajectoires de réforme sont moins la conséquence de (seules) pressions externes que de luttes politiques endogènes où les acteurs de la réforme utilisent une variété de ressources étrangères pour mettre en œuvre leurs programmes. En même temps, les disciplines de SHS ne sont pas confrontées de la même manière aux réformes compte tenu de leur position dans les hiérarchies disciplinaires nationales. Les pratiques de publication des sociologues dépendent de multiples facteurs tels que leur socialisation académique dans des contextes nationaux et transnationaux, les instruments de financement de la recherche offerts par les acteurs nationaux et transnationaux, et les politiques d’évaluation de recherche au niveau national et au niveau des institutions de recherche (universités, instituts de recherche). En définitive, tout en soulignant le lien entre les pratiques de publication des chercheurs et leurs socialisations académiques, cette thèse démontre un effet limité des réformes sur la performance scientifique, contrairement à ce qui est supposé dans la littérature sur les politiques de recherche. De plus, en déplaçant l'attention d’une approche centrée sur l'Union Européenne vers l'interaction de multiples influences externes, elle invite à éviter l'eurocentrisme méthodologique comme cela est souvent le cas dans la littérature sur les études des politiques publiques dans les pays post-communistes. Plus généralement, ce travail peut également offrir une meilleure compréhension pourquoi, vu par l’Ouest, plus de deux décennies après l'effondrement de l'Union soviétique, certaines politiques publiques des pays post-communistes révèlent des décalages temporels entre la réception des « modèles » et la réception des « normes ».
Mme Cécile CRESPY |
Sciences po Toulouse |
Co-directrice de thèse |
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M. Rainer KATTEL |
Tallinn University of Technology |
Co-directeur de thèse |
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Mme Gaële GOASTELLEC |
Université de Lausanne |
Rapporteur |
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M. Antoine ROGER |
Sciences po Bordeaux |
Rapporteur |
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M. Pierre-Benoît JOLY |
L’institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement |
Examinateur |
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Mme Sophie JACQUOT |
Université Saint Louis de Bruxelles |
Examinatrice |
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Mme Ringa RAUDLA |
Tallinn University of Technology |
Examinatrice |
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